Le retour annoncé de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier 2025 inquiète de nombreux Européens. Ses promesses de taxer lourdement les importations font craindre des répercussions négatives sur l’économie de la zone euro, déjà fragile. Christine Lagarde, présidente de la BCE, a ainsi mis en garde contre les « nouveaux coups » que pourrait porter le protectionnisme américain à la confiance et à la consommation des ménages européens.
Un climat économique déjà morose dans la zone euro
La croissance économique de la zone euro traverse une passe difficile. En conséquence, la BCE a dû réviser à plusieurs reprises ses prévisions à la baisse au cours de l’année écoulée. Dernièrement, elle a ramené la croissance annuelle attendue du PIB à seulement 0,7%, loin des projections de juin 2023.
Christine Lagarde attribue ces erreurs de prévision à deux facteurs principaux : « La moitié des « erreurs » de la BCE dans ses récentes projections de croissance étaient dues à des taux d’investissement plus faibles que prévu, eux-mêmes causés par les effets plus importants que prévu de la politique monétaire restrictive de la BCE et des prix élevés de l’énergie. Un quart de ces erreurs résultaient des niveaux de consommation plus faibles que prévu, de nombreux ménages de l’UE gardant à l’esprit les fortes hausses de prix déclenchées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. »
Vers une baisse des taux d’intérêt pour soutenir la croissance
Pour soutenir l’activité économique, la BCE a entamé un cycle de baisse de ses taux directeurs. Ceux-ci ont été abaissés à 3%, après 4 réductions cette année. Certains analystes anticipent qu’ils pourraient atteindre 1,5% d’ici fin 2025.
Avec le processus de désinflation bien engagé et la baisse de croissance qui se profile à l’horizon, Christine Lagarde estime que le maintien des taux suffisamment restrictifs aussi longtemps que nécessaire n’est « plus justifié. L’inflation globale dans la zone euro est en effet revenue à 2,3%, proche de l’objectif de 2% de la BCE.
Les effets incertains mais redoutés du protectionnisme américain
Malgré le soutien monétaire de la BCE, l’économie européenne pourrait subir un nouveau choc si les États-Unis se tournent vers le protectionnisme. Donald Trump a promis d’imposer des droits de douane d’au moins 10% sur toutes les importations américaines. Selon Goldman Sachs, cela pourrait amputer le PIB de la zone euro de 1%.
Au-delà de l’impact sur les exportations européennes, Christine Lagarde craint surtout un regain de pessimisme des ménages qui viendrait encore freiner leur consommation : « Si les États-Unis — notre principal marché d’exportation — prennent un virage protectionniste, la croissance de la zone euro risque d’en pâtir« .
Quant à l’effet sur l’inflation, il reste incertain car il dépendra aussi d’éventuelles mesures de rétorsion de l’UE et des variations de change et de prix des matières premières. « L’effet net de la fragmentation des échanges et des droits de douane sur l’inflation reste incertain, car il implique des hypothèses qu’il est impossible d’anticiper avec précision« , conclut Christine Lagarde.