Depuis son apparition en 2009, le Bitcoin a suscité de vifs débats et un intérêt grandissant. En décembre 2024, cette cryptomonnaie a marqué un tournant majeur en franchissant deux seuils symboliques : 100 000 dollars et, quelques jours plus tard, 100 000 euros. Ces jalons marquent non seulement un exploit financier, mais soulèvent également des questions sur l’évolution des systèmes monétaires et économiques mondiaux.
Un contexte politique favorable à la cryptomonnaie
Le 5 décembre 2024, le Bitcoin a atteint pour la première fois les 100 000 dollars. Ce bond spectaculaire a été attribué en partie à un événement politique : la nomination, par Donald Trump, d’un partisan des cryptomonnaies à la tête d’un important organisme de régulation des marchés financiers aux États-Unis. Cette décision a envoyé un signal fort, alimentant un regain de confiance des investisseurs dans les actifs numériques.
D’ailleurs, ce phénomène, qualifié d’« effet Trump », a permis au Bitcoin de grimper de 8 % en une seule nuit, franchissant ce seuil symbolique lors des échanges en Asie. Cette montée fulgurante illustre l’impact des décisions politiques sur le marché des cryptomonnaies, souvent perçues comme indépendantes des structures traditionnelles.
La barre des 100 000 euros : une étape supplémentaire
Quelques semaines plus tard, le Bitcoin dépassait un second seuil symbolique, celui des 100 000 euros. Ce nouveau record, bien que proche de la performance précédente en dollars, reflète une dynamique différente. En effet, il met en lumière le rôle croissant du Bitcoin en Europe et dans l’économie mondiale.
Ce dépassement n’est pas qu’une simple question de chiffres. Il traduit l’intérêt croissant des investisseurs et des décideurs pour cette alternative monétaire. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte marqué par l’inflation, l’endettement public et la recherche d’actifs capables de préserver la valeur face aux politiques monétaires expansionnistes.
Un actif perçu comme une réponse à l’inflation
Entre 2019 et 2023, de nombreux pays ont vu leur croissance économique réelle quasiment anéantie par une inflation galopante. En Belgique, par exemple, une inflation cumulée de 17,69 % a quasiment effacé la progression du PIB nominal sur cette période. Face à cette situation, le Bitcoin se distingue par une caractéristique unique : son approvisionnement limité à 21 millions d’unités.
Contrairement aux monnaies fiduciaires, qui peuvent être imprimées à volonté, le Bitcoin offre une rareté intrinsèque. Cet aspect attire les investisseurs en quête de protection contre la dilution monétaire et les incertitudes liées aux politiques des banques centrales. Même des figures sceptiques, comme Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine, ont reconnu l’importance du Bitcoin en le comparant à l’or comme réserve de valeur dans un monde numérique.
Un enjeu géopolitique de plus en plus visible
Le rôle du Bitcoin dépasse les seules questions économiques. Il s’impose également comme un outil stratégique dans un contexte géopolitique en mutation. Depuis des décennies, le dollar américain a dominé les échanges internationaux et les réserves mondiales. Cependant, cet équilibre évolue à mesure que des nations comme la Chine, la Russie ou encore les pays membres des BRICS cherchent à réduire leur dépendance à la devise américaine.
Le Bitcoin apparaît comme une alternative neutre et décentralisée. Par exemple, la Chine détient aujourd’hui près de 200 000 Bitcoins, soit environ 20 milliards de dollars. Ce chiffre témoigne de l’importance croissante accordée à cette cryptomonnaie dans la diversification des réserves d’actifs.
De surcroît, certains pays, comme les États-Unis, envisagent d’encourager les mineurs de Bitcoin à s’installer sur leur sol. Cette démarche vise à sécuriser un actif stratégique, perçu comme une nouvelle forme de ressource numérique.
Des prédictions optimistes pour 2025 selon Bitfinex
Les experts de Bitfinex prévoient des scénarios haussiers pour le Bitcoin en 2025. D’après leur dernier rapport, la cryptomonnaie pourrait atteindre des prix compris entre 145 000 et 339 000 dollars, selon les cycles de marché observés. Cette fourchette repose sur une demande institutionnelle accrue et des entrées significatives dans les fonds négociés en bourse (ETF) dédiés au Bitcoin.
Le rapport indique que 94,25 % des 21 millions de BTC disponibles ont déjà été minés, renforçant la rareté de cet actif numérique. De plus, les ETF Bitcoin ont attiré plus de 35 milliards de dollars d’investissements nets en moins d’un an, une tendance qui devrait se poursuivre.
L’influence des cycles de marché
En s’appuyant sur les précédents cycles haussiers, Bitfinex identifie plusieurs trajectoires possibles. Si le Bitcoin suit le modèle de 2021, marqué par une augmentation d’environ 40 % au-dessus de ses moyennes mobiles, son prix pourrait grimper jusqu’à 339 000 dollars. Dans un scénario similaire à 2017, bien que jugé moins probable, il pourrait atteindre 290 000 dollars d’ici 2026.
Toutefois, certains analystes soulignent que ces cycles historiques pourraient être modifiés par de nouveaux facteurs, notamment l’adoption institutionnelle et la possible mise en place de réserves stratégiques en Bitcoin par des États.
Mais malgré ces perspectives optimistes, les experts anticipent une volatilité accrue au premier trimestre 2025. Cependant, ils estiment que toute baisse de prix serait temporaire, soutenue par une forte demande institutionnelle et des investissements dans les ETF.
Cette dynamique positive s’inscrit dans une tendance globale d’adoption accrue, où le Bitcoin se positionne comme un actif de réserve dans un environnement financier de plus en plus numérisé.
Une industrie des actifs numériques en pleine expansion
Le Bitcoin ne représente que la partie émergée d’une industrie en plein essor. Les applications basées sur la blockchain, comme les stablecoins, gagnent en popularité, notamment dans les pays en développement. Ces actifs numériques, adossés à des devises traditionnelles, offrent des solutions adaptées à des contextes économiques difficiles.
Prenons l’exemple du Nigeria, où une grande partie de la population est non bancarisée. Les stablecoins permettent aux habitants de recevoir des fonds via leur téléphone, contournant ainsi les frais élevés des canaux traditionnels comme Western Union. De même, au Venezuela, confronté à une hyperinflation, les stablecoins permettent de protéger l’épargne en actifs stables et numériques.
La blockchain, quant à elle, s’impose comme une infrastructure clé pour sécuriser les données et éviter les failles des systèmes centralisés. Cet aspect est particulièrement pertinent dans des secteurs sensibles comme la santé, la logistique ou encore les paiements transfrontaliers.