L’agence de notation financière Moody’s a récemment abaissé la note souveraine de la France d’un cran, passant de Aa2 à Aa3. Cette décision intervient dans un contexte marqué par des incertitudes politiques et des projections économiques peu optimistes pour les années à venir. Voici un décryptage des éléments-clés de cette dégradation et des perspectives évoquées.
Une fragmentation politique au cœur des inquiétudes
Moody’s justifie sa décision par la « fragmentation politique » qui caractérise actuellement la France. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, le paysage politique s’est considérablement complexifié, rendant plus difficile l’adoption de réformes budgétaires. L’agence estime que cette situation compromet la mise en œuvre de mesures nécessaires pour stabiliser les finances publiques.
De surcroît, Moody’s met en garde contre la faible probabilité de voir le prochain gouvernement réussir à réduire durablement le déficit budgétaire. Selon ses prévisions, le déficit, qui devrait atteindre 6,3 % du PIB en 2025, ne descendrait qu’à 5,2 % en 2027, bien loin des objectifs fixés par le gouvernement. Ces données traduisent un écart significatif par rapport aux attentes de Bruxelles, qui exige un retour sous la barre des 3 % d’ici 2029.
Des projections économiques préoccupantes
Outre les difficultés politiques, Moody’s souligne une dégradation des finances publiques sur les prochaines années. Les plans initiaux du précédent gouvernement misaient sur un déficit public de 6,1 % en 2024 et une réduction progressive à 5 % en 2025. Cependant, l’agence anticipe une trajectoire plus pessimiste.
Dans ses projections, la dette publique française, actuellement estimée à 113,3 % du PIB en 2024, pourrait s’alourdir pour atteindre près de 120 % du PIB en 2027. Cette évolution reflète une capacité d’endettement jugée moins favorable que celle d’autres pays bénéficiant de notes similaires. Pour Moody’s, cette tendance risque d’affaiblir davantage la position financière de la France sur la scène internationale.
Des réactions mitigées du côté des autorités
Face à cette annonce, le ministre de l’Économie et des Finances, Antoine Armand, a rapidement réagi, déclarant avoir « pris acte » de cette dégradation. Bien qu’aucune mesure immédiate n’ait été annoncée, cette décision place le nouveau Premier ministre, François Bayrou, dans une position délicate.
Lors de sa prise de fonction, François Bayrou a exprimé son intention de s’attaquer aux défis liés à la dette publique. Il a rappelé son engagement de longue date sur ces questions, soulignant l’importance de ne pas sous-estimer les conséquences des déficits et de la dette sur les générations futures. Il a également insisté sur la nécessité d’une gestion transparente et rigoureuse.